Ine No Funaya – un village de pêcheurs pas comme les autres !
Les premiers rayons du soleil se frayent un chemin à travers un voile cotonneux de nuages qui s’amoncellent lentement, laissant brièvement entrevoir par endroits un ciel bleu qui ne demande qu’à se dévoiler et viennent réchauffer les toits des quelques deux cent trente Funaya.
Ces “maisons hangars à bateaux” dont quelques exceptions peuvent se targuer d’avoir plus de cent cinquante ans dessinent une ligne ininterrompue le long d’une baie qui se fond dans la nature environnante. Nous sommes au nord de la péninsule de Tango, dans la préfecture de Kyoto, et je me régale de ce paysage pittoresque que m’offre ce village, de deux cents pêcheurs dont le doyen a fêté ses quatre-vingt treize ans, appelé Ine et lové à flanc de montagne.
INE II NE ? 伊根いいね ?
Dans ce théâtre séculaire les saynètes de la vie quotidienne se jouent paisiblement sous les yeux de quelques spectateurs.
Ici, une femme en claquettes remonte de l’eau d’une nasse qui lui sert de réfrigérateur et garde ses poissons vivants à portée de main. Une autre récupère son linge séché par l’air marin, en contrebas deux enfants souriant pêchent en compagnie de leur père directement depuis la terrasse de leur maison, une dame revêtue d’une combinaison assortie à ses bottes bleues accroche à des pinces à linge sur un bambou des seiches dont le manteau est maintenu par une pique en bois. Plus loin un couple s’emploie à vider consciencieusement les poissons du jour, d’ailleurs je manque une belle photo, lorsque la patronne rejette le contenu du sceau bleu contenant les abats à la mer. Une gerbe rouge étincelante s’étire dans une parabole parfaite contrastant avec les teintes froides environnantes. Il y avait tout : le couple âgé, la lumière, le rouge, les rappels de bleu, le contexte. Déjà les mouettes et les milans royaux se précipitent en piqué ou en rase-mottes pour festoyer. Tout est bon dans le poisson.
Préservation du patrimoine et renouveau
Les quelques deux mille cent âmes d’Ine ont pour la plupart traversé sereinement les épreuve du temps. Les Fuyana sont des maisons spécifiques dont le rez-de-chaussée constitue le hangar à bateau et l’étage le lieu de vie. Et lorsque justement la dernière étincelle de vie s’éteint inéluctablement, elle devient une Akiya : une maison vide. Un sixième du village de pêcheurs est constitué de ces maisons fantômes confirmant le déclin démographique.
Le ronronnement du moteur du bateau taxi s’arrête alors qu’un groupe de touristes pose pied à terre. Nous embarquons et faisons un tour de l’anse et je discute avec Hide-san, vingt-trois ans, pilote du bateau familial transformé en bateau taxi. Depuis trois ans un énorme travail de communication a été entrepris pour donner un second souffle ainsi que des fonds aider et inciter des gens à venir vivre à Ine. Les Funaya Akiya se transforment petit à petit en logement à louer.
Je sais que je reviendrai passer une ou deux nuits ici, profiter du moment présent dans un lieu sans Starbuck, sans supermarché, sans combini, à discuter avec les anciens sous un ciel étoilé, une bière à la main d’un temps qui a fait son temps.
Il a l’air top ce village, direct sur ma to-do liste!!!
encore un endroit sympa mais difficilement accessible sans voiture, non?